Anne Emond et Mylène Mackay : duo de talent du cinéma québécois

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Anne Emond et Mylene Mackay

Du 27 mars au 2 avril 2017, Focus on French Cinema a accueilli plusieurs films québécois dont Nelly, écrit et réalisé par Anne Émond et dont Mylène Mackay occupe avec brio le rôle principal.

Anne Emond fut révélée en 2011 grâce à son premier long métrage Nuit #1 qui reçu de nombreux prix dont le prix Claude Jutra 2012 du meilleur premier film canadien. Mylène Mackay poursuit une carrière au cinéma et au théâtre pour lequel elle écrit également, et fut récemment qualifiée d’Etoile montante du cinéma par ELLE Québec.

nelly affficheNelly est librement inspiré de la vie et de l’œuvre de l’auteur Nelly Arcan, qui après avoir connu le succès critique et public dès son premier roman Putain, mit fin à ses jours à 36 ans en 2009.

Le film est marquant car il fait le portrait d’une personne en souffrance dont ni la reconnaissance ni le succès n’auront pu combler le désir de plaire. Un esprit brillant et autodestructeur dont la vie démontre, une fois de plus, que l’image projetée est parfois sans rapport avec l’image propre de la personne.  

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Photo souvenir de la rencontre !

J’ai découvert avec grand plaisir l’univers de ces deux jeunes femmes talentueuses qui m’ont gentiment accordé un entretien qui prit vite la forme d’une discussion croisée que j’aurais bien poursuivie si le temps l’avait permis. Une belle rencontre et un grand merci à elles !

Le film repose sur les différentes facettes de Nelly Arcan. Nous avons tous plusieurs facettes simultanément ou au cours de notre vie à des degrés plus ou moins marqués. Au delà de cette facette de réalisatrice pour Anne et d’actrice pour Mylène, quelles sont vos autres facettes ?

Anne Emond : C’est en effet intéressant comme question ! J’ai réfléchi à ça dès l’écriture du film. Je me suis demandée « si je meurs demain, qu’est-ce que l’on ferait comme portrait de moi ? ». On est plusieurs choses à la fois… d’ailleurs l’autre jour suite à un coup de fil professionnel, mon ami m’a dit « ah j’aime bien ta personnalité publique ! ». Je suis plus affirmée dans le travail alors que dans la « vraie vie », je suis plus réservée, plus solitaire. Il y a aussi certaines choses qu’on ne contrôle pas. Par exemple quand j’ai présenté mon film à Montréal, j’étais intimidée et je me suis rendue compte que j’avais une voix d’enfant…

Mylène Mackay : Oui d’ailleurs on va se réfugier dans ces facettes : on a notre facette privée dans notre famille et on a le côté « promo » et enfin notre vie intérieure quand on prépare un rôle tout seul… je crois que c’est pour ça que j’aime autant voyager. Cela me permet d’être moi-même. Être ce que je veux sans avoir les regards des autres. Je comprends Nelly qui voulait être plusieurs personnes à la fois avec évidemment un côté plus négatif dans son cas.

Anne Emond : Je crois aussi qu’on veut plaire, qu’on cherche à être caméléon, à bien faire les choses… c’est peut-être plus féminin ? L’autre jour, Lelouch disait que les artistes ont une âme d’enfant et qu’ils veulent être aimés encore plus que les autres.

Quand avez vous su que vous souhaitiez faire du cinéma ?

Anne Emond : Moi ça été très tôt peut-être vers 10 ans. J’étais une enfant rêveuse. J’aimais organiser des séances de théâtre pour mes parents et puis à l’adolescence, j’ai vu des films qui m’ont marquée comme Trainspotting ou bien l’Effrontée de Claude Miller.

Et déjà en tant que réalisatrice ? Ah oui c’était clair pour moi !

Et toi Mylène ?

Mylène Mackay : Pour moi c’est arrivé plus tard, vers 17 /18 ans, même si j’ai fait du théâtre dès 10 ans. J’avais envie de jouer quelque soit la forme. Le théâtre t’apprend à être sur scène puis si je compare avec mes amis, on prend des chemins différents dans nos carrières. Le cinéma me passionne mais je ne savais pas que j’allais en faire. Aujourd’hui, je suis heureuse de faire des films d’auteurs car j’écris également et c’est le cinéma que j’aime le plus. Ça ressemble au théâtre d’ailleurs : on est comme une troupe, on travaille ensemble. Au cinéma on retrouve le travail de la lumière de la musique comme au théâtre. Le plus du cinéma, c’est que ça va rester pour toujours… Le cinéma marque histoire alors que le théâtre est forcément dans l’instant.

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Nelly Arcan

Lors d’une interview, Anne, tu notais que Nelly Arcan avait été piégée à son propre jeu de séduction avec les media et qu’un homme n’aurait sans doute pas été traité de la même manière. Le débat sur le féminisme est plus actuel que jamais et récemment certains ont reproché à Emma Watson ses photos sexy en parallèle de son discours féministe. Que pensez vous de ce rapport entre séduction et féminisme ?

Mylène Mackay : Je pense qu’être féministe est beaucoup plus sexy qu’avant…

Anne Emond : On peut être les deux bien sur ! Mais la société est elle prête ? Il faut réfléchir à l’image que l’on renvoie surtout quand on est dans le regard des media. Par exemple, moi si j’avais le look de Mylène, on ne me prendrait pas autant au sérieux en tant que réalisatrice… Personnellement la nudité dans les media ne me gène pas, par contre ce serait bien d’encourager plus de diversité avec des modèles de corps différents.

Quel était votre objectif en créant et en jouant ce film ?

Anne Emond : Mon objectif premier était de faire connaître l’auteur, de faire s’intéresser à son écriture. Je souhaitais aussi parler de la dureté, de la cruauté de ce monde, même si cela est peut être moins évident comme message. Je voulais montrer comment les hommes puis les media l’ont traitée, même si elle a participé à cette situation. Mon message est de faire plus attention les uns aux autres.

Mylène Mackay : Pour moi, ce film est un voyage à travers la psychologie féminine. On la voit de l’extérieur et de l’intérieur avec son écriture. C’est un film sur la souffrance féminine sur nos peurs, nos folies, je souhaitais faire entendre ce discours.

nellylefilm_tapisrouge_01-1500x904Qu’est ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

Anne Emond et Mylène Mackay : (en cœur) : Tout !

Anne Emond : Je crois que ce que j’aime le plus ce sont les acteurs / actrices et le travail d’écriture. Je travaille sur mon prochain film et j’aime cette liberté de l’écriture… peut être que je fais finir par écrire des romans ! Mais alors les acteurs me manqueront !

Mylène Mackay : J’aime observer tout. J’aime penser à des personnages, cela me libère de sortir de moi, c’est ce que j’aime le plus faire… et puis bien sur voir des films !

pour plus d’info sur

Nelly le film

Focus on French Cinema

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